Le 06 décembre 2017, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Bouchra Baibanou pour les Voyageuses, une femme hors du commun, une battante, une alpiniste marocaine ayant escaladé Six sommets du Challenge des Sept Sommets. Bouchra a reçu plusieurs trophées pour ses prouesses à l’échelle internationale. Sa Majesté Mohamed VI a décoré cette alpiniste chevronnée du Ouissam Alaouite. J’ai choisi le titre « Excelsior » car il traduit parfaitement l’ambition de Bouchra : toujours plus haut !

À quand remonte cette passion pour la montagne ?

Ma passion pour la montagne est née lorsque j’ai atteint le sommet du Toubkal en 1995. Par la suite, j’ai enchaîné l’ascension de la plupart des sommets du Maroc.

Quel a été l’élément déclencheur ? A quel moment le déclic s’est-il produit ?

A l’âge de quinze ans, lors d’une colonie de vacances, une longue marche de Ain Kharzouza à Azrou m’a permis de découvrir les joies de la randonnée. J’ai vraiment apprécié de marcher au grand air dans le Moyen Atlas. Ma passion première est née ce jour-là : l’amour de la montagne !

Quelles sont les qualités requises pour relever un tel défi?

Pour un pareil challenge, je pense que la hardiesse est de rigueur. Le courage est une qualité indispensable pour surmonter ma peur et vaincre mes appréhensions face à l’inconnu, à l’imprévisible. Quelque soit la situation à laquelle on se trouve confronté, toujours garder espoir, être optimiste et faire preuve de persévérance.
La responsabilité, la motivation et la détermination sont des traits de caractère importants pour pouvoir relever un tel défi. De même la tolérance et l’humilité viennent compléter le tableau. La force mentale est indispensable pour survivre dans une expédition de cette envergure.

Quels sont les obstacles rencontrés au cours de l’ascension de l’Everest?

Le chemin menant au sommet de l’Everest est jalonné d’obstacles : La fréquence des avalanches, les intempéries, les crevasses à traverser en marchant sur des échelles. Au-delà de 8000 mètres d’altitude, une fois à l’intérieur de ce qu’on appelle la « zone de la mort », à une température de moins quarante degrés, j’ai du faire face à plusieurs difficultés : le mal aigu des montagnes provoqué par la raréfaction de l’oxygène, les gelures de membres et l’épuisement suite à la déshydratation.

Quelles sont les émotions que vous avez ressenties tout au long de cette aventure?

Tout au long de cette expédition, j’ai ressentie des émotions intenses. Le découragement résultant des longs moments de solitude et de l’attente prolongée en cas d’intempéries me guettait. Des sensations comme la gratitude, la reconnaissance envers Dieu pour ses bienfaits, cette immensité et cette grandeur. L’humilité est un sentiment qui m’a accompagné durant cette aventure. Quelle merveilleuse sensation de liberté face à l’infiniment grand !

Votre prochain challenge sera le Mont Vinson, plus haut sommet de l’Antarctique. Quels sont vos projets futurs ?

L’ascension du Mont Vinson est prévue pour décembre 2018. Par la même occasion, je compte aller aussi au Pôle Sud. Le second projet sera le Pôle Nord. Trouver des sponsors me permettra la concrétisation de mon rêve : être la première personne à conquérir les « Sept Sommets », au Maroc et au Maghreb.

une nouvelle vision sur le monde

Porte-t-on une vision différente sur le monde après un tel exploit ?

Bien sûr ! Cette expérience m’a enseigné la simplicité et l’humilité. Elle m’a permis aussi de me détacher du côté matériel, du superflu, d’apprécier pleinement la vie, le confort, de prendre conscience de la beauté de la Nature. Comme le côté positif l’emporte sur le reste, la vie quotidienne devient beaucoup plus facile !

Quels conseils donnerez-vous à la femme marocaine ?

La femme marocaine doit avoir la liberté de choisir sa vie, de se valoriser, d’oser prendre des décisions. Elle ne doit en aucun cas se sacrifier pour les autres. L’éducation des filles en milieu rural est primordiale pour le développement de la société dans son ensemble.